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La lutte contre la précarité menstruelle dans les épiceries sociales et solidaires de l’UGESS

    En France, 15,5 millions de femmes ont leurs règles. 31% des femmes menstruées âgées de 18 à 50 ans sont en situation de précarité menstruelle. Face à cette situation, et pour éviter un choix difficile entre se nourrir et acheter des protections périodiques, l’UGESS s’engage dans la lutte contre la précarité menstruelle. En harmonie avec les valeurs du réseau, et dans le but de trouver des solutions structurelles et durables qui soutiennent également la préservation de l’environnement et la santé des personnes, il a été choisi de promouvoir l’accessibilité à des produits d’hygiène lavables qualitatifs. A cette occasion, l’UGESS publie un guide sur la précarité menstruelle, téléchargeable en fin d’article afin d’aider à passer à l’action.

    La précarité menstruelle, qu’est ce que c’est ?

    « La précarité menstruelle désigne les difficultés économiques à se procurer des produits d’hygiène intime de première nécessité en période de règles. Ce manque d’accès peut inciter ces personnes à improviser et utiliser des objets non adaptés pour pallier au manque de protections. Au-delà du manque d’accès à des protections, la précarité menstruelle désigne également le manque d’informations et/ou de ressources concernant l’utilisation de protections (durée d’utilisation et règles d’hygiène notamment) ou la gestion de son cycle menstruel (reconnaître des pathologies, savoir quand il faut consulter, se procurer des antidouleurs ou un traitement plus complet, etc.).» (Règles Elémentaires).

    Quel est le coût des règles ?

    En France, les dépenses liées aux règles pour une femme varient généralement entre 8 000 et 23 000 € au cours de sa vie, selon une étude de 2020 par Romeiro Dias & Taurine. Cette fourchette dépend de facteurs tels que la quantité et la durée des règles, l’espacement des cycles, le choix des produits de protection périodique, et les éventuelles dépenses pour soulager les douleurs menstruelles. Par exemple, un simple paquet de 12 serviettes hygiéniques, coûtant environ 3 €, peut ne pas suffire pour une personne ayant des règles abondantes, qui peut nécessiter 2 à 3 paquets par cycle, voire plus. Pour les femmes à faible revenu, ces dépenses peuvent représenter jusqu’à 5 % de leur budget, selon une étude de Durand & Dagorn en 2019.

    Quelles sont les conséquences de cette précarité ?

    Elles peuvent être d’ordres physiques, psychologiques et sociales :
    Elle peut engendrer un ensemble de problèmes physiques, notamment l’inconfort dû à l’utilisation de solutions de fortune, des démangeaisons, des risques accrus d’infections, de mycoses, la non prise en charge ou mauvaise prise en charge de pathologie (endométriose, adénomyose, SOPK, etc.) et même le syndrome du choc toxique.

    Les femmes confrontées à la précarité menstruelle peuvent éprouver une série d’émotions négatives, telles que la honte, l’angoisse, une perte de confiance en elles, une dévalorisation, un sentiment de mal-être, une perte de concentration et une charge mentale accrue.

    Elle a des conséquences sociales considérables. Elle peut empêcher les femmes de travailler, de se réinsérer, d’étudier, de participer à des activités sportives ou de loisirs, voire simplement de sortir de chez elles. Ces limitations entravent leur plein épanouissement et réduisent leurs opportunités, créant ainsi des inégalités.

    Que fait l’UGESS face à précarité menstruelle ?

    Grace au soutien apporté par la Direction Générales de la Cohésion Sociale (DGCS) et en partenariat avec différents partenaires (GESRA, l’ARU et Règles élémentaires), l’UGESS, en 2023, mène un projet de dotation de culottes menstruelles accompagné d’ateliers collectifs.

    Dotation de culottes menstruelles :

    Les épiceries volontaires ont été dotées d’une sélection de culottes menstruelles flux abondant de la marque Anaé®(certifié standard 100 by OEKO-TEX). 4 280 culottes ont été distribuées dans les épiceries de l’UGESS.
    Le remplacement des protections menstruelles à usage unique par des produits réutilisables présente des avantages économiques significatifs. Cette transition peut permettre d’économiser de 18 à 119 € par an et dépasser 4 400 € sur l’ensemble de la période menstruée de la vie d’une femme, même si l’investissement initial dans des produits réutilisables peut sembler élevé. (Cabrera & Garcia, 2019).

    Ce chiffre met en lumière l’impact financier positif à long terme de l’utilisation de produits menstruels réutilisables, en plus des bénéfices environnementaux en réduisant la quantité de déchets associés aux protections périodiques jetables.

    L’UGESS a choisi de fournir deux types de produits différents pendant deux années consécutives pour élargir les options disponibles dans nos épiceries sociales et solidaires, tout en assurant une couverture complète des besoins en protections périodiques réutilisables des femmes. Une attention particulière a été accordée à la diversité des tailles de culottes, allant du 34 au 52, afin de répondre précisément aux besoins individuels de chaque femmes.

     Atelier de création de serviettes périodiques lavables à Voiron :

    Un atelier à Voiron, lancé par une épicerie locale et dirigé par la Conseillère en Économie Sociale et Familiale de Voiron, a enseigné la fabrication de serviettes périodiques lavables. En deux heures, chaque participante a créé sa propre serviette réutilisable. L’atelier a favorisé un échange ouvert sur les règles et les moyens de protection, et les participantes ont été informées qu’elles pouvaient fabriquer d’autres serviettes à l’épicerie ou chez elles. Les retours positifs soulignent l’efficacité et le confort des serviettes, faisant de cette initiative un succès pour l’autonomie des femmes et la réduction des déchets menstruels.

      Féminité au naturel

    L’ARU (Association Régie Urbaine d’Angoulême) a initié des séances de sensibilisation, intitulées « Féminité au naturel », pour renforcer la connaissance des femmes sur leur corps, les menstruations, et les avantages des protections lavables. Ces sessions, animées par Barbara Hubans du Planning Familial 16 et Sylvie Caillaud de Charente Nature, visent à encourager des discussions ouvertes sur des sujets parfois tabous liés à la féminité. Ces intervenantes jouent un rôle central en établissant des liens de confiance avec les femmes pour les inciter à s’exprimer davantage.

    « Ce qui était vraiment intéressant dès le début, c’est qu’on se retrouvait toutes sur les questions de femmes »

    « Il y a une bonne ambiance qui s’est installée, une bonne cohésion de groupe et on est arrivé tout doucement sur les questions de règles, de menstruations »

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